Pour l’avenir de mes enfants…

Presque tous les couples de la communauté vous diront qu’ils ont quitté leur pays d’origine pour venir s’installer au Canada « pour l’avenir des enfants ».

Que veulent-ils dire par « avenir des enfants »?
Ils vous répondront principalement:
 Une meilleure formation académique (je n’utiliserai pas le terme « éducation »);
 De meilleures perspectives d’emploi pour eux & pour leurs enfants lorsqu’ils seront en âge de travailler;

D’autres plus sincères ou ayant plus réfléchi à la question ajouteront:
 Pour plus de sécurité (dans tous les sens du terme);
 Pour bénéficier de meilleurs soins de santé;
 Pour fuir la « mentalité » du bled dans laquelle ils ne se reconnaissaient plus -vu leur statut socio-professionnel ou intellectuel;
 Bref, pour améliorer leur qualité de vie;

Dans ce court texte, je ne compte pas discuter du statut de la hijrah & je ne compte pas non plus élaborer sur les conditions de l’établissement dans de telles terres (chose que la majorité des musulmans ignorent) et qui rappelons-le sont:
 L’établissement ne doit pas être permanent (Raisons professionnelles, éducation, da3wa…Bref, il faut maintenir l’intention de quitter un jour)
 Que la personne ait assez de savoir religieux pour être capable de réfuter les shoubouhates (les ambiguïtés).
 Que la personne soit pratiquante au point de ne pas céder aux Shahawaat (les tentations).
 Qu’elle puisse pratiquer librement & ouvertement en public (comme dans les pays musulmans.

Ce que je compte démontrer dans ce court texte, grâce entre autres à ma connaissance du terrain (Je suis arrivé en 1995 avec mes parents à Montréal: J’y ai étudié & enseigné. Et j’y ai vécu en tant qu’enfant d’immigrants et en tant que père de 4 enfants (17, 15, 13 & 9 ans), c’est que les objectifs avancés par les membres de la communauté ne sont point atteints dans la majorité des cas!

 Presque toutes mes connaissances -les universitaires plus précisément- ont eu soit des enfants décrocheurs soit des éternels cégepiens. Très peu ont eu une progéniture qui les a égalés ou dépassés en terme de formation académique;
 Et c’est pareil pour les perspectives d’emploi! Même si le Québec traverse une profonde pénurie d’emploi, l’égalité des chances reste un mythe: L’immigrant ou le fils d’immigrant doit se battre pour accéder aux postes prestigieux ou aux emplois bien rémunérés qui ne nécessitent pas de longues formations.
 Sans oublier, les problèmes de délinquance juvénile car les parents nouvellement arrivés s’installent dans des quartiers à risque (À Montréal, on perd en moyenne 2 jeunes par an suite aux balles des gangs de rue & les centres pour jeunes débordent de Maghrébins).
 Enfin, l’autre fléau, c’est la DPJ et ses biais ethnocentristes manifestes à l’égard de parents nouvellement arrivés et non préparés aux méthodes d’éducation & aux codes culturels locaux!

Certains me diront que c’est peine perdue que de vouloir convaincre des personnes à la quête de l’Éldorado (jannat adounya) de renoncer à leur projet. Je le concède volontiers: Mon humble objectif n’est pas de faire renoncer ceux qui sont de l’autre côté de l’Atlantique, mais d’amener plutôt ceux qu sont déjà ici à réfléchir à leur projet initial , de le reconsidérer en regard du char3 (statut de l’établissement en dehors des pays musulmans) et du waqi3 (la réalité d’ici).

Allahoumma balaght, Allahoumma fach’had
Sois témoin, ô Seigneur, que j’ai transmis!

Adil Charkaoui

Leave a Comment