« L’été, tu as perdu le lait » est un proverbe arabe ancien (datant de la jahiliya) dont l’auteur est ‘Amr ibn ‘Amr ibn ‘Ouds.
Le contexte de ce proverbe est le suivant:
Il était une fois, une jeune femme, Dakhtanouss, qui était mariée à un riche mais vieux cousin du nom de ‘Amr ibn ‘Amr ibn ‘Ouds. Cependant, même si ce dernier la traitait comme une reine, elle demandait sans cesse le divorce car lorsqu’elle se comparait à ses amis mariées avec des jeunes, elle éprouvait une profonde tristesse.
À force d’insister, elle a fini par obtenir son divorce et elle s’est remariée avec un autre de ses cousins qu’elle aimait et qui était plus beau et plus jeune, mais qui n’avait ni la virilité ni le courage de ‘Amr ibn ‘Amr ibn ‘Ouds.
Un jour, alors que la tribu de Bakr ibn Waail les attaquait, elle demanda à son nouvel époux de la défendre mais celui-ci était tellement terrorisé à l’idée de combattre qu’il mourut de peur l’abandonnant à son triste sort de captive de guerre.
Lorsque son ex-époux, Amr ibn ‘Amr ibn ‘Ouds, en fut informé, il accourut à son secours, fit preuve de bravoure tuant trois cavaliers parmi les assaillants et la libéra. Pourtant, cela ne fut pas suffisant pour regagner son coeur: Elle lui préféra un autre jeune mais qui était tellement pauvre qu’il ne pouvait même pas lui assurer le lait -nourriture fort prisée chez les Arabes.
Une nuit, Dakhtanouss avait tellement envie de boire du lait qu’elle ne put s’empêcher d’envoyer sa servante le quêter à une immense caravane (qaafilah) de dromadaires de passage. Or, le propriétaire de la caravane n’était autre que ‘Amr ibn ‘Amr ibn ‘Ouds (son premier époux). Lorsque ce dernier sut que la maitresse de la servante était son ex-femme, il répliqua:
– Dis-lui: « الصَّيفَ ضيَّعتِ اللّبنَ » (l’été, tu as perdu le lait)
Cette phrase est devenue, dès lors, un proverbe arabe désignant toute personne, qui perd -par ingratitude ou par ignorance- ce qu’elle a entre les mains quand elle espère ce que possèdent les autres.
